jeudi 25 septembre 2008

Jusqu'à la prochaine fois

On peut aimer, dans la sueur et la précipitation. Mettre entre parenthèses un instant, rester contre cette petite masse d'homme ferme et chaude, le serrer comme j'ai enfin senti aujourd'hui qu'il avait besoin d'être emprisonné, ce petit homme avec lequel je n'ai rien en commun.

On peut aimer, et presque taire cette admiration de son corps blanc, sa sensualité maladroite. Taire l'émotion de sa retenue, de son inaptitude à communiquer, à se délier, la tristesse et l'intensité de ses yeux gris qui se cachent quand il voudraient dévorer le monde. Ne pas lui dire, à aucun prix, que j'aime son chat dont les poils envahissent le lit, a tel point qu'on en sort couvert même si l'étreinte ne dure que quelques minutes.

On peut aimer et ne pas avouer mon plaisir quand il m'a réclamé sur msn, le bond pour fermer le bureau et arriver chez lui rapidement. Vite.

On peut t'aimer, en n'admettant pas nos rapports à chaque fois plus intimes. De plus en plus éloignés du fantasme. Que je connais tes limites si présentes, que je vois que tu les repousses... Pour que je revienne encore ? C'était bon d'être encore contre toi, couvert de mon sperme, sans que tu m'envoies a la douche dans la seconde.

On peut peut-être s'aimer en refusant d'être curieux de l'autre, en n'ayant que cette envie commune, de temps à autre, l'un de l'autre.

On peut t'aimer, et se découvrir dans le miroir de ta minuscule salle de bains, un surprenant bucheron aux poils hirsutes et un poil gras, ton idéal masculin, peut-être. Se rêver changer de vie pour un petit homme, le seul qui m'aurait fait jouir en n'étant pas spécialement doué, et sous une masse de posters de sa star favorite — une hallucination impossible.

On peut aimer l'idée de te donner le bonheur que tu mérites sans doute, une intelligence et un sex-appeal cachés que je ne comprends pas qu'on ai pas encore achetés sans conditions.

Et choisir chaque fois de ne pas poser de question, dire merci, un compliment de plus à chaque fois, mais jamais Pygmalion. S'attarder ne me ferait que me sentir plus voleur. Déchirer la tendresse, emporter ma part dans l'escalier, la voiture, rentrer noué à l'approche de la maison. Attendre et t'écrire ici.