vendredi 6 juillet 2007

Pendant ce temps, dans la vraie vie

Je voulais exorciser, expulser, éjecter, encore une fois. Sortir de moi ces tous et ces riens qui m'habitent. Mettre de l'ordre. Mais rien n'est clair, pas de pulsion définie, pas de priorité, pas de sens.

Au quotidien... :

MARDI
Excité par mes congénères mâles à la salle, je décide de me branler sous la douche — il n'y a plus personne a mâter, encore moins à draguer, de toutes façons. Pas envie de sentir monter l'envie au fil de la journée, pour finir par chercher le premier consentant venu et me livrer sans âme.
Expédié en 30 secondes, frustrant.

L'idée me revient en quittant le travail. J'ai mâté une bonne partie de l'après-midi : en pause clope, sur le net...

Je décide que non, sage petit mari rentre direct. Et je tourne aussi sec à droite, en direction des chiottes publics parfois fréquentés. Je me gare. Un mec est en train d'y entrer. Je suis quelques secondes après.
Je le surprends au sortir d'une des cabines, en train de reboucler sa ceinture. Regard surpris et pas franc. Pas le mec de mes rêves, mais compatible pour un quart d'heure de défoulement. Je me dirige vers l'autre cabine, je laisse la porte ouverte.
J'attends. Rien.
La porte s'ouvre à nouveau, doucement. Je pense qu'il s'est barré.
Je sors de la cabine, jette un oeil : l'autre porte est fermée. Derrière la porte, frottements, boucles de ceintures, halètements.

Je repars toujours frustré, sous la pluie battante. Pas d'arrêt forêt.

MERCREDI
Fatigué, besoin de faire le point. Besoin d'éviter de parler. Qu'on me tende la main de manière désintéressée. D'un câlin, même sans sexe.

Florent est sur msn. On discute vaguement, mon moral a tout juste remonté dans la journée. Encore fatigué. Encore amer et cynique à deux balles. Le MP3 me balance un truc pop des Innocents, "un monde parfait". Je tilte sur les paroles* que je n'ai jamais vraiment réussi à saisir. Je les cherche sur le net. Au lieu de jouer avec l'idée et d'attendre qu'il me le demande, je viens de proposer un câlin a Florent, mais son enthousiasme n'est pas évident. Je recule, et je le laisse en plan rapidement.
Besoin d'être désiré.
Rentré, à nouveau sur msn, mon ange me bouscule et essaie de me motiver, je repique au cynisme et à l'aquoibonisme. Je ne le verrai pas avant août. Il faudra que je trouve moyen de m'excuser avant, même s'il est suffisamment gentil pour ne pas m'en vouloir.

JEUDI
Putain, journée continue... et l'envie qui monte pour de bon. Une partie de la matinée passe sur le net a chercher une opportunité. Besoin d'un truc sans sentiment, sans tendresse, faire mon film de mon côté. Suceur ou sucé, dominant ou dominé. Un moment d'oubli animal.
Le seul mec disponible, sur place et partant ne me plaît pas. Même sa queue ne me plaît pas.

13h, je retourne aux chiottes publics.
Personne. Un beur à l'air pas commode attend lui aussi dans sa voiture et finit par partir.
Je retourne au bureau. Frustrant.

Sport du soir : c'est l'invasion de mâles. Jeunes, vieux, portugais, arabes, turcs, européens... Je vais péter un cable !

Toujours personne aux chiottes sur le chemin du retour.

Je repère des voitures dans la forêt, par contre. Sans réfléchir, je m'engage.
La première voiture est celle de J. Un petit signe. Je me gare. Je jette un oeil aux deux autres mecs présents. Y'aura pas moyen. Je vais saluer J. et on discute le temps que les deux autres se barrent.

J'ai trouvé mon câlin sans le demander : je ne pensais pas lui plaire de cette manière là. Mais je n'avais pas le temps d'aller au bout, même en en ayant tous les deux envie. J'ai été honnête avec lui, je suis venu pour un plan-minute, j'étais content d'avoir sa tendresse. Une simple et saine envie de s'aimer. J'ai trouvé les remerciements d'un gars qui se sent bien dans mes bras. Et qui n'a pas peur de le dire, alors qu'on ne se connaît pour ainsi dire pas.

*C'est n'importe quoi et en même temps, ça m'a parlé :
on a des bibles des hymnes, des icônes
le jour du Seigneur
Enghien, Silverstone
tout un nuancier

l'homme invisible
et celui de vingt heures

l
es chanteurs les cercueils,
les cyclones
le convertible
les membres inférieurs,
comme le cœur on cherche un emploi
tout reste plié
cette idée terrible
en nos douillets intérieurs
d'aujourd'hui devenu autrefois
humain de métier

c'est un monde parfait
de l'abaca jusqu'à l'au-delà
c'est un monde parfait
on pourrait imaginer vivre là

l'inaccessible
une étoile meilleure,
trouver l'âme sœur au-dessus de l'ozone
une branche éloignée
un combustible
brûler nos pesanteurs
vus d'ailleurs on est tous autochtones
humain de métier

c'est un monde parfait

presqu'aussi parfait qu'il est plat
c'est un monde parfait
mais on est bien au-dessus de ça

vus d'ailleurs on est tous autochtones
humain de métier
c'est un monde parfait
le vent souffle, on ne bouge pas
c'est un monde parfait
on s'en ira, le vent restera
un monde parfait...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

'Sensible
J'ai le coeur qui s'emballe
Il envahit mon âme
Je me croyais plus fort
Meme si ça m'est égal
Si la vie est un jeu
Lequel de nous deux
Est celui qui chante'

-M- et Sean Lennon. L'éclipse.
Tu devrais l'écouter.