mardi 12 juin 2007

Case départ

Se souvenir, poser en quelques mots plusieurs mois. Poser les mots comme des pièces de puzzle pour en extraire un sens.

Voilà que tu me négliges. Après onze ans d'histoire, dont dix de vie commune... J'ai demandé si souvent, des choses si peu différentes. De l'aide pour arriver à être moi-même, ne serait-ce que ça. Plus de souplesse dans tes réactions quand je veux rencontrer "du monde". Mais tu n'as pas besoin de ces efforts. Pas besoin de participer. J'ai fini par me prendre en main, tu m'y as aidé, sans t'engager vraiment pour autant.

Je suis devenu mince, d'abord. Puis musclé. Puis charmant, si j'en crois ma côte en très nette hausse sur internet. Je suis un beaucoup plus beau mari que celui que tu as épousé. Mais tu ne m'aimes (?) pas pour ça.

Et tu rentres à pas d'heure. Quand tu es là, tu es absent quand même.

Je ne m'en rends pas compte tout de suite. Je profite, l'aubaine, la liberté de ne même pas avoir a justifier mes horaires. Libre comme l'air, libre, comme l'air, libre... d'attendre.

Je me languis. Je m'énerve. Ton incapacité a t'éclipser pour me prévenir que ce sera encore long quand il est prévu que ce ne le soit pas... Et je te soupçonne, un peu. Ce n'est pas ton genre, mais sait on jamais ? Je penche tout de même pour de vraies obligations professionnelles. L'enjeu est grand, tu es un homme de devoir, parfois trop.

J'ai arrêté de fumer. J'ai arrêté de trop manger. La télé ne m'intéresse pas. J'ai fait le tour de ce qu'internet pouvait m'apporter. J'ai consommé tout ce que je pouvais.

Un soir, dans les bois. Je suis là alors que je n'ai envie de rien. Je ne me rends pas encore compte que d'épicurien, je suis devenu objet de consommation pour presque n'importe qui. Je ne conçois pas encore le mal que je me suis fait à explorer les fantasmes dégradants que j'avais. Je me laisse approcher par un nounours de bien 50 ans. Je le laisse me câliner. Mais je me serre dans ses bras de plus en fort. Je pleure.

Il ne comprend pas pourquoi ma gorge est si nouée. Il ne sait pas me consoler, je ne sais pas lui dire. Il essaie tout de même, en s'excusant de n'être pas assez bien pour moi, et en me caressant plus que je ne voudrais. Il a peut-être même réussi a obtenir à peu près ce qu'il voulait. Je garde tout de même de lui le souvenir de la seule épaule de cette période noire.


Je finis par rentrer. Toujours entre les larmes, la gorge nouée comme jamais, quelques cris de rage qui m'échappent.

Maison. Un peu plus de calme. Faire autre chose. Je prends mon portable, regarde son répertoire. Je ne sais pas qui appeler.

J'ai essayé de trouver, ne seraient-ce que des copains. Un ami en devenir, dans le lot. Mais rien. Sympathiques, mais jeunes parents occupés. Sympathiques, mais planqués de leur partenaire, les mecs maqués... Je t'avais fait des signes, je te l'avais dit : je ne peux plus sacrifier une vie sociale à t'attendre, et je ferais ce qu'il faut pour combler ce manque. Je n'ai trouvé personne

Ma famille est éloignée, non pas physiquement, mais de cette usure du quotidien. Je n'avais pas besoin de liens très resserrés, avant. J'aurais dû. J'ai l'impression qu'ils m'ont oublié.

Je suis SEUL.

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